Amazon confronté à une déferlante de « faux livres » générés par intelligence artificielle


Qui mieux que Georges Simenon a écrit à une vitesse à couper le souffle ? « Je me demande encore aujourd’hui comment, depuis le temps de L’Ostrogoth, j’avais pu écrire six romans par an pour Gallimard en dépit de mes voyages à travers l’Europe et les cinq continents », admettait-il. Depuis la récente invention et le maniement relativement simple des intelligences artificielles (IA) génératives – qui créent du texte selon des consignes données –, l’auteur de la série des « Maigret », qui avait pourtant réussi le tour de force de publier de son vivant plusieurs centaines d’ouvrages, se trouve largement dépassé.

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La déferlante de pseudo-auteurs qui publient des centaines d’ouvrages entièrement réalisés par IA est devenue, au fil des mois, un tel phénomène qu’Amazon s’est résolu à tenter de l’endiguer. Pour limiter les abus, la multinationale a abaissé à trois titres par jour le nombre de publications autorisées par un même auteur. Ce seuil, précise le groupe, pourra être soumis à des ajustements ultérieurs, si besoin. Ce quota semble sidérant puisqu’un écrivain a généralement besoin d’une bonne année pour terminer son manuscrit. Signe que ce sont donc des « faux livres » générés par IA.

Amazon précise : « Nos règles relatives aux contenus sur Kindle Direct Publishing [KDP, sa plate-forme d’autoédition de livres électroniques et physiques] imposent désormais aux auteurs et aux éditeurs de signaler si leur ouvrage a été généré par intelligence artificielle », qu’il s’agisse du texte, des images ou de la traduction. En revanche, si l’ouvrage a été simplement « assisté » par une IA pour modifier, améliorer ou corriger des erreurs du texte ou des images, voire pour rechercher et générer des idées alors que l’auteur a écrit le texte, il n’est pas nécessaire de révéler l’utilisation de tels outils. Une nuance pour le moins complexe à vérifier.

Explosion du nombre de logiciels d’aide à la rédaction

Amazon interdit « le contenu généré par intelligence artificielle contrevenant à nos règles », y compris celui « qui crée une expérience client décevante ». Appellation floue qu’Amazon n’explicite pas, en se bornant à promettre : « Nous supprimons les livres qui contreviennent à nos règles. » Sans dire, là non plus, combien d’ouvrages ont été exclus de KDP, qui met en vente 10 millions de titres francophones.

En février, l’agence Reuters recensait déjà sur KDP aux Etats-Unis plus de deux cents ouvrages écrits par ChatGPT, le chatbot d’OpenAI. Aussi bien des romans que des manuels techniques ou des livres pour enfants. Brett Schickler, un vendeur américain établi à Rochester (Etat de New York), cité par Reuters, avait ainsi demandé à l’IA de lui écrire un conte pour enfants de 30 pages, Sammy l’écureuil, qu’il a vendu 2,99 dollars (2,77 euros) en support numérique et 9,99 dollars en version papier. L’auteur récupère 70 % du prix des livres vendus.

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